Roman : Les Etincelles Invisibles

Étincelles invisibles (Les)

de Elle McNicoll
Editions : Ecole des Loisirs
Collection Médium
Prix papier : 13.50€
Prix numérique : 9.99€
Sortie le 15 septembre 2021
203 pages + Remerciements

Histoire :
Addie est autiste. Lorsqu’elle apprend en cours d’histoire que sa petite ville de Jupiner a persécuté, torturé et exécuté au Moyen Âge des dizaines de sorcières, elle est bouleversée. Ces femmes accusées de sorcelleries n’étaient-elles pas autistes ou neuroatypiques comme elle ? Victime de brimades en classe, Addie se sent particulièrement concernée par leur sort. Elle décide de mener campagne pour que la ville de Jupiner rende hommage à ces sorcières injustement traitées.

L’autrice (page donné par l’Ecole des Loisirs) : Elle McNicoll
« Tout comme son héroïne, Elle McNicoll a été diagnostiquée autiste lorsqu’elle avait une dizaine d’années. Depuis, cette jeune écossaise n’a cessé de militer pour les droits et la reconnaissance des personnes « neuroatypiques ». Après avoir présenté un mémoire de recherche sur la quasi- absence de héros autistes en littérature, elle a décidé d’écrire elle-même un roman. Les étincelles invisibles a remporté plusieurs prix au Royaume-Uni. »

Le livre est simplement séparé en chapitre courts avec un numéro. Quelques petits effets de police (comme un mot en majuscule par exemple, en italique…).
Parfois des petites séparations dans le chapitre avec ceci :
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Roman agréable à lire, épaisseur des pages sympa.

Avis / Impressions :

Ce roman m’a immédiatement tenté par son thème atypique, je savais presque de manière certaine que ça me toucherait. En plus, on est d’accord, la couverture est très belle ?
J’ai aussi tout de suite apprécié et été intéressée par l’angle de vue pris au sujet des sorcières. Rien de magique là dedans, juste des femmes différentes, qui déplaisaient, pour s’en débarrasser on les accusait d’être des sorcières. Glaçant.
Sur le plan personnel, ça n’a pas loupé, j’ai commencé en douceur, puis à chaque fois mon cœur était de plus en plus touché et serré. Je comprenais bien Addie et Keedie.
Je suis contente de voir que le roman remporte du succès surtout avec un thème aussi délicat.
Même si tout le monde peut s’y retrouver aussi dans le fait de parler de différences. On est tous unique à notre manière.

Une famille des plus atypiques.
Vu qu’on le sait dès le départ et que ça ajoute de l’intérêt, des surprises, je vais prendre le partie de vous en parler. On a Adeline dite Addie, la petite dernière. Des parents qui apparemment travaillent beaucoup, mais j’ai aimé la façon qu’ils avaient d’être présents quand c’était important et d’aimer leurs trois filles. Addie est autiste. J’aime cette façon qu’elle a de reprendre quand ce n’est pas dit assez exactement, que ce n’est pas une maladie, que non elle n’y peut rien. Elle est comme ça, elle ne comprend pas les neurotypiques, elle pense différemment. Elle a du mal avec les codes, à les interpréter, et pour cause on ne peut pas dire que ce soit toujours très logique.
Surprise, les deux autres jeunes femmes sont Nina et Keedie, elles sont soeurs jumelles, mais Keedie est aussi autiste. Elle apporte sa propre expérience, et également son propre recul, mais également tous les efforts et les difficultés qu’elle affronte toujours aujourd’hui. Keedie est à l’université. Elle apporte une très belle dimension, de mieux s’immerger, et elle est aussi une grande complice d’Addie, vu qu’elle la comprend.
Nina elle a du mal à comprendre ses sœurs par moment, elle a fait des choix bien à elle, mais on pourra aussi apprendre à l’apprécier.
J’ai juste du mal à imaginer qu’Addie a 11 ans, pour moi elle faisait plus 14-15 ans.

La plume est fluide, ça se laisse bien lire.

Avec Addie, nous interrogeons aussi ce qu’est une vraie amie et combien une relation sincère peut apporter. Jenna, une ancienne amie à elle l’a laissé tombé au profit d’Emily, mais quand elle rencontre la gentille et un peu spéciale Audrey, elle remarque quand même des différences, que ça sonne moins faux.
La harcèlement, c’est un peu comme la chasse aux sorcières, vous êtes différents, vous ne correspondez pas aux normes, on vous le fait payer, on vous rejette et/ou pire, vous déplaisez, et on va vous accusez en même temps. Tout est de votre faute.
Addie va prendre à cœur ce sujet sur les sorcières, avoir l’idée d’honorer leur mémoire, et surtout quand elle apprend tout cela, elle vit les choses différemment, mais en plus elle fait le parallèle avec elle-même, avec sa propre vie, elle sait que dans le temps elle aurait pu finir comme elles.
Elle va vraiment y mettre toutes ces tripes, tout son courage, sa volonté.

Le harcèlement est une affaire déjà compliqué, mais ici cela empire par le fait qu’une de ses professeurs est exécrable, ne sait pas s’y prendre, ne veut pas faire l’effort : Mlle Murphy. C’est une adulte, une enseignante, elle doit montrer l’exemple. Certes, elle peut être dépassé par quelqu’un comme Addie, mais tout ce qu’elle a fait ne peut en aucun cas être légitimé.

Nous sommes en Ecosse, dans la petite ville de Juniper. Le même pays que son autrice.

Cela fait très plaisir de voir des gens comme Audrey ouverte, compréhensive, à l’écoute, avec l’envie d’apprendre à vraiment connaître Addie ❤ sans qu’elle ait besoin de jouer au caméléon.

C’est une lecture pleine d’émotions, qui bouleverse, où on a du mal à trouver les mots, qui touche.
Cela fait du bien d’avoir une personne comme Addie être au centre du roman. J’aimerai en trouver un avec quelqu’un comme elle mais adulte.
C’est bien raconté, sincère, réaliste.
Un livre à mettre entre toutes les mains.
Cela n’a rien de simple de se fondre dans la société quand on n’en maîtrise pas les codes, déjà que même en général ça peut être compliqué parfois.
Nous abordons beaucoup de thèmes importants et forts. Des éléments importants comme notre liberté, nos droits, d’être soi-même, d’éviter les faux amis, de trouver sa place, le devoir de mémoire, l’harcèlement, d’être tolérant, le droit à la différence, l’ouverture d’esprit, de tenter de comprendre avant de juger …
Ce livre est une bonne façon de sensibiliser sur l’autisme / trouble du spectre autistique sans pathos.
C’est traité intelligemment, de manière pertinente.

Citations :

« Chaque fois que vous croiserez quelqu’un qui vous paraît bizarre ou différent, essayez d’être bienveillant. » -> Très important, tenter de comprendre avant de juger.
« Sa remarque me fait réfléchir. Elle a raison. Quand on est ensemble, elle et moi, on est trop occupés à s’amuser pour dire du mal des autres. »
« Cleo, qui tient la librairie, a été emballée par mon idée. Les bons libraires, comme les bons profs, sont des gens précieux. »
« Les mensonges sont comme des malédictions. Ils sont même plus puissants et font plus de dégâts. »
« Je n’arrive pas à comprendre ça. Pour moi, tout ce qui touche au harcèlement n’a pas de sens. »
« Je sais que ça te fait peur, poursuit-elle avec douceur. Mais crois-moi, il vaut mieux dire honnêtement qui on est vraiment, quitte à être détesté par quelques-uns, plutôt que de cacher son jeu et d’être toléré par tous. »
« Ce n’est pas à cause de mon cerveau que je craque. C’est que j’en ai assez de faire semblant. De me camoufler. De me rendre compte que le monde n’est pas fait pour nous. »
« L’océan a besoin de toutes sortes de poissons, m’explique doucement Keedie. Comme le monde a besoin de toutes sortes d’esprits différents. Sinon, il serait drôlement ennuyeux, tu ne crois pas ? »
« L’autisme est un développement de la personnalité différent, explique maman d’un ton appuyé. En vérité, Addie est un peu plus sensible ou un peu plus émotive. Elle doit faire face à une réalité neurologique différente. Une différence cognitive. Elle a besoin de structure, de soutien et de compréhension. »
« Je…je perçois les choses avec plus d’intensité. Les sons, les images. J’entends les gens marcher dans la rue, même sans tendre l’oreille. Je vois des tout petits détails que les autres ne voient pas. J’analyse les choses différemment. Et quelquefois (je shoote dans un caillou qui est au milieu du trottoir), quelquefois j’ai beaucoup de mal à « lire » les visages des autres. Parfois, s’ils ne sont pas sincères, je ne comprends pas. »
« C’est un trouble du développement neurologique, dis-je en touchant la tempe. Ça veut dire que notre cerveau fonctionne autrement. On appelle ça aussi le spectre de l’autisme. Il y a des autistes qui ne disent pas un mot. D’autres qui parlent beaucoup. »
« Tu sais, ma sœur dit que mon cerveau fonctionne comme un ordinateur. Il commence avec zéro information et, une fois qu’il a commencé à en collecter, il ne s’arrête plus. »
« Mais je me méfie : parfois les autres élèves ont l’air gentils alors qu’en réalité ils ne le sont pas. »

Un énorme merci à Ecole des Loisirs pour l’envoi, la lecture et la confiance. J’espère réussir à lui rendre justice.

Coup de coeur. ❤
Je vous le recommande grandement !

Et vous ? Il vous tente ? Etes-vous intéressé par le sujet ?

4 commentaires sur « Roman : Les Etincelles Invisibles »

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