BD Time : Les Indésirables (Fiche)

Couverture Les indésirables

Edition : Rue de Sèvres
de Kiku Hughes
Prix papier : 18€
Prix numérique : 8.99€
Genre : Drame
Sortie le 6 janvier 2021.
Environ 286 pages.
Oneshot.

Résumé :
Kiku a 16 ans. Americano-japonaise, elle se sent déconnectée de son héritage japonais et en sait peu sur l’histoire de sa famille qui cultive le secret. Alors qu’elle est en vacances avec sa mère à San Francisco, elle se retrouve brusquement dans les années 1940, propulsée dans un des camps qui a fleuri sur le territoire américain au lendemain de Pearl Harbor. Parquée, Kiku partage le quotidien de sa jeune grand-mère et de 120 000 citoyens nippo-américains déchus de tous leurs droits civiques par leur propre gouvernement, car accusés d’être des ennemis de la nation…

Hello Livre : Je suis de plus en plus avide de découvrir les parutions de Rue de Sèvres, et dès que j’ai vu la couverture, le titre sur la page d’Instagram, j’ai eu envie de le lire, de le découvrir. J’ai lu l’histoire, et je me suis dit si j’en ai l’occasion je fonce, donc merci à Rue de Sèvres de rendre cela possible. 

Edition papier :
J’adore leurs éditions papiers, particulièrement celle-ci qui est grande et a en même temps un format souple. Pour cette histoire, le graphisme m’a immédiatement charmé. Le livre dégage une odeur, et le toucher des pages est super agréable, ce qui sans doute amplifie encore l’expérience.

Mon avis/Mes impressions :

Nous sommes sur un gros coup de coeur, et beaucoup d’émotions qui se mélangent en moi. Une oeuvre forte et importante.

Avant l’an dernier, je vous aurai également dit sur une période assez inconnue de l’histoire, mais là elle m’a ravivé les souvenirs de la BD : Nous étions les ennemis. D’autant plus quand il a été question du fameux questionnaire, et spécialement de 2 questions, mais je vous laisse découvrir cette partie, ce choix compliqué.

Mais commençons au début, nous rencontrons Kiku, une jeune américano-japonaise qui en sait peu sur l’histoire de sa famille. Tout commence par un voyage avec sa mère, qui ravive leur histoire familiale. Tout ce qu’elle va vivre va lui permettre de se recentrer, de mieux comprendre ainsi qu’aux lecteurs ce qui s’est passé, les enjeux, et même pourquoi tout cela se ravive, et l’importance d’éviter que ce genre de chose ne se reproduisent à l’avenir.

J’ai beaucoup aimé également les moments que Kiku passent avec sa mère, surtout quand elles vont vraiment parler et échanger. C’est beau, touchant, important.

Kiku va vivre l’histoire, et même l’Histoire, et le lecteur est emporté avec à travers d’étranges voyages. Tout d’abord, ils ne sont guère long, mais son dernier l’oblige à vivre ce qu’a vécu sa grand-mère Ernestina. Elle est elle aussi plongée dans les camps.
Sa grand-mère est sa voisine, encore enfant, elle la regarde de loin. Va-t-elle lui parler ? Je vous laisse le découvrir.
Elle y fait de multiples rencontres, et certaines l’aident à tenir le coup. Elle se découvre une force insoupçonnée en elle, mais l’on dit que quand on n’a pas le choix, on a une forte capacité d’adaptation l’air de rien.
Cette expérience l’amène à réfléchir, ainsi que le lecteur, sur cette période sombre dont il lui manque tant d’informations, qu’elle connaît si peu.

Nous les découvrons ainsi d’une manière insolite qui fonctionne fort bien, vu que Kiku est projetée dans cette période.
J’ai également beaucoup aimé l’explication donnée sur ces fameux voyages.

Kiku est une jeune femme attachante. Pourquoi ne connaît-elle pas un mot de japonais ? Pourquoi ne connaît-elle pas tant cette culture que cela ? Pourquoi on ne lui a jamais appris ? Pourquoi n’en connaît-elle pas plus sur son histoire familiale ? 
Tout cela est abordé avec intelligence, tact, subtilité, et je vous laisse découvrir.

Comment le gouvernement a-t-il pu faire cela ? Certains n’ont même jamais été au Japon. Ils sont nés et ont vécu et grandi aux Etats Unis.
Comment le gouvernement a-t-il justifié cela ? Et si tout cela se reproduisait ?

Et on va y ajouter une force implacable, ce qu’ils ont vécu les a marqué à jamais, mais également les générations futures. On abordera aussi l’importance du devoir de mémoire, l’importance de savoir et ne pas oublier.

Une histoire intéressante, importante, remplie d’émotions. Oui, vous pourriez même fondre en larmes.
Une fin très belle et forte aussi.

L’histoire mélange habilement « un récit autobiographique où se confondent réalité et fiction ». Comme c’est dit. Et c’est effectivement « fascinant et poignant ».
Le coup de la brume lors du voyage, j’aime beaucoup l’idée.
Quelques notes intéressantes à la fin, de l’auteur et éditeur entre autres.
Le fait de parler qu’on s’interroge sur les choix qu’une société fait en tant que crise ne me laisse pas indifférente non plus, ainsi que toute l’impuissance que ressentait Kiku.
La dernière étant le fait d’arriver à reconnaître ses erreurs.

Un gros coup de coeur.
Un grand merci à Rue de Sèvres pour cette lecture.

Avez-vous envie de la découvrir ? Connaissez-vous ce pan de l’Histoire ? Comme moi aviez-vous repéré ce livre ?

Graphisme

Reel (feuilletage album)

Citations

« Je n’ai pas eu la présence d’esprit de me dire qu’elle devait ressentir la même détresse que moi.
« Je n’étais pas la seule à avoir dû abandonner le cours de mon existence, sans savoir quand il reprendrait … »
« Dans les films de science-fiction, les gens qui viennent du futur sont censés savoir ce qui va se passer. Moi, je n’en avais pas la moindre idée. »
« Ils ne nous diront rien ! Ils savent que la peur nous rend plus dociles. »
« C’était souvent les choses les plus banales qui me faisaient sortir de l’illusion que cette situation était normale. »
« Les souvenirs sont des armes trop puissantes. »
« Les rumeurs se nourrissent de la peur de la désinformation. Elles s’enracinent en nous, influent sur nos souvenirs à tout jamais. »

A lire à vos risques et périls, mais comme c’est aussi l’Histoire.

« Je n’avais jamais eu aussi peur de ma vie. Je me sentais impuissante, à la merci de ces gardes armés dont la présence pesait sur nous à chaque instant. »
« Le traumatisme restait vivace, et pourtant grâce à ce rassemblement, une partie d’entre nous a pu panser ses blessures. J’ai été frappé par la ressemblance entre les tentatives des autorités pour dissimuler les circonstances exactes de cette tragédie et celle du gouvernement, plus tard, pour cacher la vérité sur ces camps. Si les responsables ne peuvent nier leur existence, ils peuvent occulter certains éléments et affirmer qu’ils agissaient par pur devoir mais lorsque les victimes unissent leurs forces pour exiger des réponses, lorsqu’elles décident d’affronter leurs traumatismes pour se souvenir ensemble du passé. Elles ont le pouvoir d’empêcher que cela recommence. »
« Je crois que certaines communautés font des expériences si traumatisantes que celles-ci continuent à marquer leurs descendants des générations lus tard. Et chaque génération redécouvre, à sa façon, ces traumatismes, qui continuent à nous façonner sans que nous en ayons parfaitement conscience. »
« Leur courage et leur détermination m’inspiraient. Comme eux, je voulais me battre pour que l’histoire ne se répète pas une seconde fois. »
« Notre lien avec le passé n’est pas rompu, même si nous manquons d’informations, même si nous ne connaîtrons jamais tous les détails. Le souvenir de ce qu’a vécu notre communauté nous habite et continue d’influencer nos existences. La persécution d’un groupe de personnes marginalisées ne constitue jamais un acte de violence isolée : il condamne les générations futures à vivre avec les conséquences de celle-ci. Ces traumatismes peuvent nous affecter, mais nous pouvons aussi y puiser la force de nous battre pour que justice soit rendue à nos contemporains persécutés. La mémoire est une force. »

6 commentaires sur « BD Time : Les Indésirables (Fiche) »

  1. Je l’attendais aussi mais j’ai préféré « Nous étions les ennemis » que j’ai trouvé plus complet et plus pointu. Mais je salue cette publication qui saura parler de ces faits historiques à des lecteurs•trices dès 14/15 ans. 🙂

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