Edition : Meian
Titre VO : Gyakutai Chichi ga Youyaku Shinda
Dessin : ARAI Piroyo
Scénario : ARAI Piroyo
Oneshot
Collection Seinen
Genre : Social, Drame, Violence, Maltraitance, Psychologie, Autobiographie
Prix papier : 6.95€
Pas d’édition numérique
Pour public averti, préparez vous un truc doudou pour après cette lecture.
Histoire
Message aux parents qui maltraitent leurs enfants.
Les enfants n’oublient rien.
Ni les coups, ni les abus.
Il en va de même pour les insultes et le sentiment d’être trahi sans cesse.
J’aimerais que vous gardiez une chose en tête :
lorsque vous prendrez de l’âge, souvenez-vous que votre destin sera entre leurs mains.
J’aspirais seulement à une vie normale… Avec des parents normaux…
Au fil de ce one shot au vitriol, Piroyo ARAI revient sur sa relation avec son père abusif. Dans un style simpliste mais sans filtre, elle y évoque la brutalité omniprésente de sa jeunesse, l’ombre qu’elle a projetée sur sa vie, même après le décès de son père, mais aussi la froideur avec laquelle sa famille détournait le regard.
Mon avis / Mes impressions
Mise en garde
Evidemment que c’est dur, vu la difficulté et l’horreur du sujet.
Nous sommes dans une autobiographie, tout acte a des conséquences, pas dans un thriller.
Edition / Histoire / Graphisme / Sujet
Edition :
Format plus grand
Quelques pages en papier glacé
Des pages qui tiennent bien en main, papier agréable
J’ai voulu lire si possible ce manga pour l’importance de son sujet, et oui forcément c’est difficile, révoltant, suffoquant par moment, on se sent impuissant, triste, mais c’est aussi nécessaire, important, à mettre dans les mains de lecteurs avertis.
Une histoire qui va nous montrer tant la violence physique que psychologique, les dégâts causés qui poursuivent sur des années, ces chaînes de la maltraitance qui restent présentes, qu’il faut briser.
Le titre peut paraître un peu tapageur, mais c’est dans doute pour aller avec le choc de la violence sous toutes ses formes. Piroyo Arai nous livre là une autobiographie complète, de manière décomplexée, en montrant ce qu’elle a traversé, appris, ses peurs, sans rien édulcorer, y compris ses dérives comportementales, pour toucher les gens, faire réfléchir, montrer qu’il y a de l’espoir.
Elle veut aussi montrer que des aides existent. Quelqu’un pourrait malheureusement se reconnaître dans ce qu’elle décrit.
Dès le moment où on lit le sommaire où y voit une évolution, que nous allons abordés plein d’éléments intéressants, que ce sera pertinent, bien fait. Je vous le donnerai en image, comme ça ceux qui veulent regardent et ça donne une bonne idée.
6 chapitres décomposés eux-mêmes en épisodes.
Un trait graphique qui peut paraître un peu enfantin, mais qui finalement correspond très bien à l’histoire traitée, et ne minimise rien, mais peut le rendre en quelque sorte plus supportable (en apparence), moins vif.
Même si quand on y réfléchit, il n’en est rien bien entendu. C’est l’impression sur le coup.
Pour nous rappeler le côté brisé, après chaque nouveau chapitre son titre et un symbole, nous avons le rappel du titre et des éclats de verre brisés.
Nous allons donc surtout suivre notre mangaka, mais elle a également deux frères plus âgés. Chacun a sa façon de réagir, mais adulte ils vont aussi pouvoir en discuter.
Piroyo grandit dans un environnement toxique, et elle va être amenée à encore plus craindre son père comme elle est une femme.
Son père nous apparaît tel un monstre enragé par moment, cela transparaît très bien à travers les pages. Ses yeux se révulsent, et sa bouche se tord, s’ouvre et sort plein d’immondices.
Ils étaient des enfants. Ils n’avaient aucun moyen d’agir. Le foyer qui doit être là pour s’épanouir, grandir, est comme une source de terreur et ils sont plutôt pressés de le quitter et en même temps inquiets pour leur mère.
Piroyo montre bien toute la confusion qui l’agit enfant, mais également à l’âge adulte.
Enfant, elle n’arrive pas à mettre des mots dessus, demander de l’aide, elle ne comprend pas. Encore moins quand d’autres adultes font des louanges à son père, et ça la met encore plus en colère et en pertes de repères.
Parfois, on ne connaît pas les différents visages, ce qui se cache derrière les portes d’un foyer.
Piroyo va montrer combien le monstre la hante et ce à travers les années, combien elle a du mal à dormir, elle entend encore les cris. Un côté fuyant, la difficulté dès qu’il faut revoir ses parents. Mais également combien ses relations ont été impactées, faussées, et qu’elle même est complètement à la dérive. Ce qui lui sera encore plus claire une fois qu’elle devient mère. Cette haine, cette colère, ce monstre en elle, cette peur de ne pas pouvoir échapper à son sang, son hérédité. Accepter, comprendre, avancer. C’est compliqué.
Mais Piroyo ne pourrait pas simplement utiliser son passé come excuse, elle se doit de protéger son enfant, lui offrir amour et un foyer chaleureux où il se sent en sécurité.
Et pour nous lecteurs également, une lecture tellement difficile, intéressante mais également nécessaire. Comme toute forme de violence qui déconstruit les rapports aux autres, la personnalité, on a envie de hurler il faut que cela cesse, plus jamais cela !
Les chaînes de la maltraitance, de la violence peuvent être démoniaques, mais il faut à tout prix la briser.
Livre d’utilité publique, très bien fait, très bien abordé, montre bien la complexité, les différentes phases et donne de l’espoir sur la fin.
Citations
« J’ai l’impression que cette fois, mon cœur va se briser pour de bon. »
« Comme vous ne disiez rien, je pensais que j’étais le seul à souffrir du passé à l’âge adulte. »
« Je ne voulais pas l’admettre, mais l’influence qu’on eue mes parents sur moi est énorme. Un enfant blessé par ses parents mènera toute une vie de souffrance. »
« La haine envers mon père, le sentiment de culpabilité pour maman, ainsi que le sentiment de dégoût envers moi-même, toujours à rejeter la faute sur les autres jusqu’à être envieux de mon propre enfant. J’étais piégée dans cette spirale d’émotions négatives. Et comme je n’étais pas tranquille à l’idée de manquer d’argent, j’ai travaillé sans relâche au point de repousser mes limites jusqu’à l’épuisement total. »
« Sans eux effectivement, je ne serai jamais venu au monde. Je reniais ma propre existence alors j’avais peur de le dire, mais j’aurais aimé vivre avec un papa normal, une maman normale, dans une maison normale. Tout ce que je voulais, c’était connaître le bonheur d’avoir une famille normale. Lorsque j’ai compris ça, j’ai senti le poids qui pesait sur mon propre foyer s’envoler. »
Merci à Meian pour l’envoi et la confiance de ce livre d’utilité publique que je me dois à mon tour de vous présenter.
Je compte sur les bibliothèques / médiathèques pour rendre cela disponible à un large public
Et toi ? Il t’intéresse ? As-tu déjà lu/vu des choses sur cette douloureuse thématique ?
Il me rappelle celui qu’Akata avait sorti il y a quelques années. Dur mais utile.
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Oui tout à fait.
Tu penses le tenter ?
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Honnêtement, non, ce n’est pas mon genre de lecture, alors un seul me suffit ^^!
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Je comprends. Si un jour tu es prête, veux lire/relire quelque chose sur le sujet, ce sera à garder en mémoire.
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